Peux-tu te présenter, stp ?
Je suis Roxana Hashemi, je suis germano-iranienne, et j’ai grandi en Allemagne, dans la vallée de la Ruhr. J’ai 27 ans, et je travaille actuellement en tant que chargée de médiation à la Marelle. Je parle allemand et français, iranien, et un peu d’espagnol.
Quand est-ce que tu as fait la formation de la médiation culturelles des arts ? Et quel cursus ? Et qu’est-ce que tu as fait d’autres comme études et formation ?
J’ai fait un master de Médiation Culturelle à Hildesheim et à Aix-Marseille entre 2014 et 2016, après une licence d’Etudes franco-allemandes à Bonn et à Paris IV. Les études franco-allemandes ressemblent beaucoup à une licence de lettres allemandes et françaises, avec quelques cours en plus. En master, j’ai choisi la filière artistique « littérature ».
Quelles sont tes expériences professionnelles : Quelle action de médiation as-tu développé pendant les études ? Quels stages t’ont marqué ? Qu’est-ce que tu as fait après le diplôme ? Qu’est-ce qui a fait que tu es resté*e à Marseille/Hildesheim/Hanovre – en France/en Allemagne ? Comment es-tu arrivé à ton activité actuelle ?
Pendant mes études, j’ai réalisé assez peu d’actions de médiation, je pense que la seule qu’il vaudrait la peine de nommer est une feuille de salle conçue pour une exposition de peintures au cipM (centre international de poésie Marseille), où j’ai fait un stage pendant ma dernière année de master.
J’ai fait de nombreux stages durant mes études
, et parmi ceux qui m’ont le plus marqué est un stage au Euro Theater Central, un théâtre à Bonn, où j’ai passé deux ans pendant ma licence.
Pendant ce stage, j’ai pu travailler avec la dramaturge du théâtre aussi bien qu’avec l’assistante de production, avec qui j’ai pu observer le montage d’une nouvelle pièce du début jusqu’à la première représentation. Un autre stage qui m’a marquée, et qui m’a donné envie de travailler dans le domaine de la littérature contemporaine est un stage que j’ai effectué au Literaturhaus Hamburg, où j’ai travaillé avant tout avec la chargée des relations de presse, la chargée du Junges Literaturhaus, qui conçoit toutes les actions en direction du jeune public. Un troisième stage qu’il faudrait mentionner ici est celui au cipM, où j’ai travaillé á la bibliothèque spécialisée en poésie abritée par le cipM, ainsi qu’à l’accueil des publics dans la salle d’exposition. J’ai également assisté à des ateliers d’écriture menés en direction de différents publics. C’est ce stage-là qui a été le plus important pour ma vie professionnelle dans le sens où j’y ai rencontré beaucoup de personnes qui travaillent dans les différents domaines de la culture à Marseille, et j’ai pu observer de près comment on conçoit et organise différents événements littéraires.
Après mon diplôme, c’est-à-dire après avoir fini mon mémoire de master, j’ai travaillé un peu pour le cipM pour des petits travaux de remplacement, par exemple, mais j’ai très rapidement rencontré Pascal Jourdana, directeur artistique de la Marelle, et j’ai commencé à travailler à la Marelle d’abord en tant que service civique, puis, après 10 mois, en tant que chargée de médiation. Je suis restée à Marseille après mes études avant tout parce que j’y ai rapidement trouvé un travail qui me plaisait, et parce que j’avais commencé à nouer des contacts dans le secteur culturel, ce qui est indispensable pour trouver un emploi. J’ai rapidement pu observer qu’il était bien plus difficile de trouver un travail sans connaître des personnes qui pouvaient m’aider à nouer d’autres contacts, et simplement à savoir quelles structures embauchaient en ce moment.
Je suis donc arrivée à mon activité actuelle par les rencontres que j’avais faites auparavant, et en m’intéressant et me montrant intéressée par les différents projets qui existaient déjà à Marseille. Je pense que cultiver sa curiosité et son intérêt est une des choses les plus importantes pour créer son propre univers artistique et professionnel.
Pourrais-tu nous présenter la structure pour laquelle tu travailles ?
La Marelle est une association basée à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, qui accueille des écrivains en résidence, qui organise différentes sortes d’événements avec les auteurs accueillis et qui a également une activité d’édition numérique. Les auteurs que nous accueillons viennent de France aussi bien que de l’étranger, et les projets sont extrêmement variés. Il peut s’agir de projets de romans, de poésie, de théâtre, de performance, ou des projets qui croisent différents domaines artistiques.
Nous avons également une résidence fil rouge écriture théâtrale, une résidence que nous menons avec de Goethe-Institut Marseille où nous invitons un auteur allemand par an, et des appels à projets spécifiques d’écriture numérique ou pour auteurs-illustrateurs jeunesse. En plus des résidences dans nos murs, nous pilotons différentes résidences d’auteurs-illustrateurs jeunesse dans la région.
Les auteurs que nous accueillons restent environ 6 à 8 semaines, et nous disposons de deux appartements, qui sont occupons pendant toute l’année.
Quelles sont tes tâches ? Comment se déroulent tes journées ?
L’intitulé de mon poste est « chargée de médiation », je m’occupe dont en particulier du volet EAC (éducation artistique et culturelle) et médiation de nos activités. Cela inclut des projets spécifiques comme nos résidences en lycée, les ateliers d’écriture menés dans les établissements scolaires et en direction des adultes, un projet d’écriture de livres numériques mené sur une année scolaire avec différentes classes dans la région de Toulon, et notre cycle de masterclasses et d’ateliers d’écriture La Belle Besogne.
Comme nous sommes une équipe assez petite (nous sommes cinq personnes en tout), et que nos activités sont nombreuses, il y a une partie des tâches quotidiennes que nous prenons en charge tous. C’est par exemple l’accueil des auteurs, le suivi des résidences, l’alimentation de nos réseaux sociaux, la préparation des rencontres.
Mes journées peuvent se dérouler de manière très différente. Je passe du temps au bureau, devant mon ordinateur, à répondre à des mails, à lire des textes, ou préparer les actions de médiation, mais il y a de nombreuses journées où je suis en déplacement, parce que j’accompagne des auteurs en atelier, ou j’ai des rendez-vous avec des partenaires. (Comme nous n’avons pas de lieu pour accueillir du public pour des rencontres, nous travaillons beaucoup en partenariat avec différentes structures à Marseille et en région
Est-ce que tu utilises tes langues étrangères ?
Comme nous accueillons des auteurs étrangers, qui ne parlent pas forcément français, que nous travaillons souvent avec le Goethe-Institut, et que nous souhaitons de plus en plus développer des projets internationaux, j’ai l’occasion de me servir de mes connaissances en allemand et en anglais. Mais dans ma vie quotidienne à la Marelle, je me sers avant tout de mon français. On peut donc dire que je ne travaille quasiment uniquement en langue étrangère.
En quoi ta formation et/ou tes compétences spécifiques sont-elles un avantage dans ta vie professionnelle ?
Mes connaissances solides en littérature (pas uniquement contemporaine) sont indispensables dans mon activité professionnelle. La même chose est valable pour mes connaissances de français. Il faut que je sois capable de lire, écrire, corriger des textes, et parler devant un public en français, qui n’est pas ma langue maternelle. Je pense que j’ai développé ces deux compétences d’abord pendant ma licence, mais je les ai perfectionnées pendant le master à Hildesheim et à Marseille. Pendant ce master, aussi bien en Allemagne qu’en France, j’ai aussi appris à réfléchir de manière théorique à ce qui paraissait uniquement pratique, à concevoir des actions vraiment basées sur une réflexion artistique.
Qu’est-ce que tu aimes dans ce travail ?
Il y a beaucoup de choses que j’aime dans mon travail, et j’estime que j’ai eu beaucoup de chance avec cette première expérience dans le monde du travail. Je pense que j’estime le plus est la variété des projets, et le côté humain. En réalité, une grande partie de mon travail est basé sur des relations humaines, que ce soit avec les auteurs, avec le public, ou avec les partenaires.
Qu’est-ce qui est plutôt difficile ou compliqué de ce poste/projet ?
Le plus difficile dans ce poste est que nous avons de très nombreuses activités, que nous sommes parfois obligés de travailler dans l’urgence, et qu’il est souvent difficile à structurer nos journées comme nous le voudrions. Il est très rare, par exemple, que j’aie plusieurs journées d’affilée au bureau, sans rendez-vous ou déplacement.
Quelles sont les possibilités de travailler pour ou avec cette structure ?
Pour le moment, nous ne pouvons pas embaucher à la Marelle, et nous ne travaillons pas avec des bénévoles.
A quoi correspondre la rémunération ici ?
La rémunération dépend bien sûr un peu de l’ancienneté, et les salaires sont basés sur la convention collective à laquelle nous appartenons.
Quels conseils peux-tu donner aux étudiant*es ou à ceux qui cherchent un travail dans le secteur culturel ?
Les conseils les plus importants que je peux donner sont avant tout : veillez à rester intéressé-e, allez à des événements qui vous intéressent, et nouez des contacts. Que ce soit pendant des stages, en fréquentant les lieux culturels qui vous intéressent, ou en demandant à des personnes que vous connaissez déjà de vous présenter les personnes de leur réseau. Si vous postulez à un endroit, n’hésitez pas à vous déplacer pour rencontrer les personnes sur place. Le contact personnel est, d’après mon expérience, plus efficace que l’envoi de candidatures par mail. Même si vous êtes timide, ou que vous vous sentez mal à l’aise : accumulez les occasions pour vous entraîner.
Quel sont tes projets pour le futur ?
Pour le moment, je suis bien à la Marelle, et j’y resterai tant que j’ai des choses à apprendre et à expérimenter. A côté de mon travail, je co-édite une petite revue de poésie qui s’appelle « Muscle », donc je souhaite développer ça, et développer mes autres projets personnels.
Merci, Roxana !
Enseigne à l’Aix-Marseille Université et organise des projets interculturels pour le cursus franco-allemand en médiation culturelle des Arts/Kulturvermittlung. De 2014 à 2017, au sein du Goethe-Institut Tunis, elle a été chargée de la conception et mise en œuvre d’une formation en gestion de projets culturels destinée aux adultes du secteur culturel tunisien. En 2012, elle a créé son enseigne « justMarseille ! » qui propose des balades urbaines et des voyages d’études sur des sujets de l’exil, de l’engagement citoyen dans l’espace urbain, et de traces de textes littéraires écrits à Marseille. Depuis, elle a aussi guidée dans de nombreuses expositions historiques et d’art contemporain, engagée par des structures à Marseille et Aix-en-Provence, comme les archives municipales, le MUCEM, le musée d’histoire de Marseille, le Site-mémorial du Camp des Milles, le musée Vasarely et l’Hôtel Caumont.
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